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Mon domaine de recherche est la philoso­phie des tech­niques. Cette dis­ci­pline se car­ac­térise à l’échelle inter­na­tionale par un dia­logue étroit entre tra­di­tions philosophiques con­ti­nen­tales et ana­ly­tiques et par un fort développe­ment des études empiriques, voire par un “tour­nant chosique” (thing­ly turn) c’est-à-dire une atten­tion par­ti­c­ulière accordée aux objets tech­niques (tech­ni­cal arti­facts). Dans ce con­texte, mon tra­vail a suivi deux direc­tions.

1.Une philoso­phie des tech­niques ori­en­tée-objet.

La pre­mière direc­tion a con­sisté à dévelop­per une approche sin­gulière du « tour­nant chosique » en philoso­phie des tech­niques. Cette approche, que je désigne par l’expression « philoso­phie des tech­niques ori­en­tée-objet », a trois car­ac­téris­tiques prin­ci­pales : d’une part, elle argu­mente que le con­cept “d’artefact” ne rend pas compte de façon sat­is­faisante des êtres bizarres, mixtes de nature et de tech­nique, qui résul­tent de l’activité humaine (depuis les êtres minus­cules des nan­otech­nolo­gies jusqu’aux êtres de dimen­sions plané­taires, comme les con­ti­nents de déchets, en pas­sant par les innom­brables vivants bricolés, mod­i­fiés, hybridés avec toutes sortes de matéri­aux). La phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts (arte-fac­ta) stip­ule en effet que les arte­facts tech­niques sont défi­nis avant tout par leur orig­ine humaine, par l’intentionnalité qui a présidé à leur fab­ri­ca­tion, et par le type de rela­tions que les humains ont à eux. En d’autres ter­mes, les arte­facts sont défi­nis par leurs rap­ports, de fab­ri­ca­tion et/ou d’usage, aux êtres humains. Or, les êtres que nous avons à penser ne sont pas unique­ment la résul­tante d’une pro­duc­tiv­ité humaine : par le fait même qu’ils ont une matéri­al­ité, leur « mode d’existence » fait aus­si inter­venir des proces­sus naturels, or l’une des insuff­i­sances de la phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts est pré­cisé­ment qu’elle n’accorde qu’une très faible impor­tance, voire pas du tout d’importance, à la matéri­al­ité des tech­niques, aux matéri­aux dont ils sont faits ; en out­re, les êtres tech­niques ne se résu­ment pas aux effets d’agentivité résul­tant de l’usage qui en est fait : ils se car­ac­térisent au con­traire, là encore en ver­tu de leur matéri­al­ité, par les mul­ti­ples con­nex­ions, non final­isées par l’usage et le plus sou­vent non prévis­i­bles au départ, qu’ils peu­vent nouer à toutes sortes d’entités du monde naturel et social.

D’autre part (sec­onde car­ac­téris­tique de l’approche ori­en­tée-objet que je cherche à dévelop­per), cette approche alter­na­tive à la phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts abor­de de façon sin­gulière la ques­tion des valeurs de la tech­nique. La ques­tion des valeurs est cen­trale dans la phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts. La ques­tion est en sub­stance la suiv­ante : peut-on iden­ti­fi­er les con­di­tions d’un design des tech­niques qui intè­gre des choix de valeurs, très en amont du proces­sus de con­cep­tion, de telle façon que l’usage futur de ces tech­niques rende ces valeurs effec­tives ? L’idée est assez sim­ple : les tech­niques ont une « agen­tiv­ité » pro­pre, c’est-à-dire qu’elles par­ticipent active­ment à la recon­fig­u­ra­tion des milieux, naturels ou soci­aux, au sein desquels elles sont en usage, en trans­for­mant les activ­ités et les pra­tiques qui y ont cours, les cadres épistémiques ou moraux au prisme desquels ces activ­ités et pra­tiques sont appréhendées, ain­si que les valeurs de tous ordres qui les sous-ten­dent, sans oubli­er le statut pro­fes­sion­nel, social, moral des acteurs con­cernés. Dans ces con­di­tions, la pri­or­ité est de faire des choix de design sus­cep­ti­bles d’orienter ce pou­voir d’agentivité des tech­niques en fonc­tion de valeurs et de buts jugés désir­ables (la ques­tion de savoir qui a com­pé­tence pour décider ce qui est désir­able ou pas, et ce que sont ces valeurs à pro­mou­voir, reste ici entière). Au final, ce focus sur le design des valeurs dans la con­cep­tion tech­nologique me paraît rester trib­u­taire d’un pré­sup­posé de maîtrise : nous pou­vons maîtris­er les effets d’agentivité de nos tech­niques, nous pou­vons ori­en­ter ces effets par des choix de design appro­priés. L’approche ori­en­tée-objet assume au con­traire que nous ne maîtrisons pas les effets d’agentivité des tech­niques. Cela ne nous dédouane pas de notre respon­s­abil­ité, mais cela con­duit à une démarche qui est moins d’anticipation des con­séquences que de pru­dence et de soin. L’artefact fait signe vers la fac­ture, le design ; l’objet fait plutôt signe vers les milieux dans lesquels il est amené à s’insérer et à pro­duire des effets d’agentivité inan­tic­i­pables. Selon cette per­spec­tive, qui doit beau­coup au con­cept simon­donien d’objet tech­nique cou­plé à son « milieu asso­cié », l’important est moins de chercher à anticiper au plus près les con­séquences futures de nos tech­niques, que de clar­i­fi­er ce qui a de la valeur dans un milieu don­né, ce qui compte et doit être préservé.

Ain­si, l’approche ori­en­tée-objet, alter­na­tive à la phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts, car­ac­térise l’objet par sa con­nec­tiv­ité, sa non-final­ité (au sens où ses effets excè­dent tou­jours les inten­tions ini­tiales), sa médi­al­ité (au sens où l’objet va de pair avec un milieu dont on ne sait pas à l’avance ce qu’il con­tient, pré­cisé­ment parce qu’il n’est pas pos­si­ble d’anticiper ce que seront les effets d’agentivité de l’objet tech­nique : ce n’est qu’après coup, quand ces effets d’agentivité ont opéré, que l’on sait ce qui con­sti­tu­ait le milieu de l’objet, c’est-à-dire tout ce à quoi il s’est con­nec­té en ver­tu de ses pro­priétés matérielles ou de son fonc­tion­nement ; tout ce qu’il a con­tribué à trans­former, à recon­fig­ur­er – et le cas échéant ce qu’il a fait per­dre).

Enfin (troisième car­ac­téris­tique de l’approche ori­en­tée-objet), elle s’appuie sur une tra­di­tion française de philoso­phie des tech­niques – Berg­son, Mauss, Can­guil­hem, Leroi-Gourhan, Simon­don, Ruy­er, mais aus­si Ser­res et Dagognet – qui se démar­que de la phi­los­o­phy of tech­ni­cal arti­facts en voy­ant dans la tech­nique le fait social qui, peut-être plus qu’aucun autre, intro­duit à la ques­tion du rap­port entre les humains et la vie, c’est-à-dire au fait que l’humain demeure un vivant en lien avec d’autres vivants (ce ques­tion­nement sur les rela­tions entre vie et tech­nique étant pau­vre­ment doc­u­men­té dans la lit­téra­ture actuelle de philoso­phie des tech­niques). En con­séquence, l’ontologie de l’objet tech­nique (con­nec­té, non final­isé, médi­al) s’enrichit d’une com­posante anthro­pologique assumant l’ancrage vital de l’humain

2.Les tech­nolo­gies en san­té et du soin

La sec­onde direc­tion prise par mon tra­vail porte sur les tech­nolo­gies en san­té et du soin. Mes recherch­es dans cette thé­ma­tique s’inscrivent dans la ligne générale des nom­breuses études de SHS sur la médecine qui con­tes­tent aujourd’hui l’idée, sim­pliste, que la médecine techno­sci­en­tifique est fon­cière­ment oublieuse des valeurs du soin – qu’il y aurait, en somme, une oppo­si­tion de principe entre tech­niques con­tem­po­raines, issues du tra­vail des ingénieurs, et soin. Ces études, issus prin­ci­pale­ment de l’anthropologie médi­cale et des STS, met­tent au con­traire en évi­dence la façon dont, con­crète­ment, les nou­velles tech­nolo­gies recon­fig­urent les milieux, les représen­ta­tions et les pra­tiques du soin, en offrant aux acteurs du soin d’importantes marges de négo­ci­a­tion, ce qui facilite le tra­vail d’appropriation. Mon tra­vail entend lui aus­si étudi­er les effets d’agentivité de la tech­nolo­gie sur le soin, ses représen­ta­tions, ses milieux et ses acteurs. Toute­fois, je m’attache aus­si à exam­in­er un autre aspect du prob­lème, beau­coup moins traité dans la lit­téra­ture : dans quelle mesure une bonne com­préhen­sion du soin, de ses valeurs et de ses con­di­tions d’effectivité, peut-elle être inté­grée en amont, dans les proces­sus de con­cep­tion des « care tech­nolo­gies » ? Non seule­ment la « tech­nique dans le soin », c’est-à-dire les effets de la tech­nique sur le soin, mais aus­si « le soin dans la tech­nique », c’est-à-dire la pos­si­bil­ité d’une prise en compte, dans la con­cep­tion tech­nologique et par les ingénieurs, des valeurs du soin et de ses modal­ités con­crètes de mise en œuvre. Peut-on pré­cis­er les con­di­tions d’une « ingénierie soignante », c’est-à-dire d’une ingénierie qui ne se lim­ite pas à être pré­cau­tion­neuse (il s’agirait alors de ne pro­mou­voir qu’un impératif hypothé­tique du soin : si tu veux réus­sir, alors tu dois être soigneux) mais qui soit aiman­tée par un impératif caté­gorique, pro­pre­ment éthique, de « l’être soignant » et du pren­dre soin ? En quel sens du soin peut-on par­ler d’une ingénierie qui prend soin ?

Cette réflex­ion sur les rap­ports entre tech­nique et soin s’est nour­rie des pro­jets de recherche que j’ai coor­don­nés sur des aspects plus con­crets des tech­nolo­gies en san­té et du soin. Mes travaux sur cette thé­ma­tique, de 2015 à aujourd’hui, ont eu pour fil con­duc­teur une réflex­ion sur le con­cept de médecine per­son­nal­isée, sur lequel j’avais au demeu­rant déjà tra­vail­lé et pub­lié – c’est donc un tra­vail que j’ai pour­suivi lorsque je suis arrivé à l’UTC. La médecine per­son­nal­isée désigne ini­tiale­ment (à par­tir de la fin des années 1990) une médecine incitée à tir­er prof­it des nou­velles tech­nolo­gies de séquençage génomique à très haut débit et d’analyse des bio­molécules (du type spec­tromètre de masse à haute réso­lu­tion ou microar­rays à très haute den­sité), faisant espér­er la pos­si­bil­ité de diag­nos­tics et de pre­scrip­tions thérapeu­tiques plus adap­tés au pro­fil biologique sin­guli­er de chaque patient.

Par la suite, mes travaux ont pris une ori­en­ta­tion dif­férente, et ceci pour suiv­re de près l’évolution du con­cept même de médecine per­son­nal­isée. En effet, après une décen­nie 2000 dom­inée par les espoirs placés dans la génomique et autres approches dites « ‑omiques » (il s’agit des tech­nolo­gies qui per­me­t­tent d’acquérir et de traiter des don­nées molécu­laires en grand nom­bre, aux dif­férents niveaux de com­plex­ité de l’organisme : génome mais aus­si pro­téome, métabolome et aujourd’hui expo­some), les années 2010 ont été mar­quées par un élar­gisse­ment du con­cept de médecine per­son­nal­isée au-delà de la médecine molécu­laire, pour y inclure des domaines, des tech­nolo­gies et des prob­lé­ma­tiques nou­veaux. Ain­si, j’ai certes con­tin­uer de men­er des travaux dans le domaine de la médecine molécu­laire « ‑omiques », au-delà de la génomique, avec notam­ment une étude du con­cept d’exposomique.

Au-delà de ce tra­vail sur l’exposomique, l’essentiel de mon activ­ité de recherche, au tra­vers des pro­jets que j’ai soumis et fait financer de 2015 à aujourd’hui, a porté sur d’autres aspects de la médecine per­son­nal­isée, en vue de scruter les enjeux épistémiques et éthiques d’autres tech­nolo­gies que les tech­nolo­gies « ‑omiques ».

Un pre­mier pro­jet, financé par la région Picardie (2017–2020, bud­get de 154k€), a porté sur les cen­tres de ressources biologiques (appelés aus­si bioban­ques) qui recueil­lent, trait­ent et con­ser­vent en con­géla­teurs ou en cuves d’azote liq­uide des échan­til­lons d’éléments issus du corps humain, ain­si que des don­nées clin­iques asso­ciées à ces échan­til­lons. Les espoirs placée dans le con­cept de médecine per­son­nal­isée reposent en effet sur la pos­si­bil­ité, pour les inves­ti­ga­teurs clin­iques, de dis­pos­er d’échantillons biologiques de haute qual­ité et stan­dard­is­és, répon­dant pour cela à des normes très pré­cis­es de pré­pa­ra­tion et de con­ser­va­tion (le fort taux de non-repro­ductibil­ité des études clin­iques s’explique en grande par­tie par le fait, pré­cisé­ment, que les col­lec­tions d’échantillons biologiques ne répon­dent pas de façon sat­is­faisante à ces exi­gences de stan­dard­i­s­a­tion et de qual­ité). Les bioban­ques, dont la mis­sion est pré­cisé­ment de fournir ces échan­til­lons stan­dard­is­és et soumis à un con­trôle qual­ité rigoureux, se sont ain­si imposées comme des acteurs essen­tiels de la médecine per­son­nal­isée. Or, s’il exis­tait déjà une lit­téra­ture sur les aspects régle­men­taires et éthiques du biobank­ing, ain­si que des travaux d’orientation STS (notam­ment autour de la qual­i­fi­ca­tion des échan­til­lons biologiques comme « bioob­jets » amenés à cir­culer dans des arènes mul­ti­ples), il n’existait presque rien sur l’histoire de ces infra­struc­tures, ain­si que sur la façon dont elles étaient en train de recon­fig­ur­er la fab­rique des savoirs biologiques et médi­caux. Ce pro­jet a voulu combler cette lacune, d’une part en éclairant le biobank­ing actuel au prisme de l’histoire longue de la con­ser­va­tion du vivant, d’autre part en exam­i­nant les enjeux épistémiques résul­tant de l’importance prise par ces infra­struc­tures dans la recherche bio­médi­cale.

Un deux­ième pro­jet que j’ai coor­don­né (2021–2024, bud­get total 130k€ inclu­ant le pro­jet doc­tor­al asso­cié à ce pro­jet de recherche) con­cerne les tech­nolo­gies de la sup­pléance organique, venant en appui ou en sub­sti­tu­tion à la trans­plan­ta­tion d’organes. Dans les années 2010, ce domaine de recherche et d’innovation tech­nologique s’est lui aus­si placé sous le label de la médecine per­son­nal­isée. Les tech­nolo­gies exam­inées dans ce pro­jet, financé par l’Agence de la bio­médecine, sont les machines de per­fu­sion (dont la fonc­tion est d’optimiser la con­ser­va­tion du gref­fon entre son explan­ta­tion chez le don­neur et sa trans­plan­ta­tion chez le receveur), les organes arti­fi­ciels et bioar­ti­fi­ciels des­tinés à se sub­stituer, de façon tem­po­raire ou défini­tive, aux organes nat­ifs défail­lants, ain­si que les dis­posi­tifs de type organoïdes et organes-sur-puces (organ on chip) qui sont util­isés aujourd’hui prin­ci­pale­ment en recherche et dans les études de tox­i­colo­gie des médica­ments, mais qui font miroi­ter des appli­ca­tions futures en médecine régénéra­trice. Si la médecine de trans­plan­ta­tion a été très étudiée d’un point de vue his­torique et éthique, notam­ment à par­tir des prob­lé­ma­tiques du don d’organes et de leur prélève­ment, il n’existait pour ain­si dire rien sur ces tech­nolo­gies, ni sur leur his­toire (à l’exception des deux organes arti­fi­ciels ayant déjà un long passé, l’hémodialyseur ou « rein arti­fi­ciel » et le cœur arti­fi­ciel total, pour lesquels il y avait déjà des études his­toriques intéres­santes), ni sur la façon dont elles con­duisent à réé­val­uer la sig­ni­fi­ca­tion du con­cept même d’organe. Mon apport majeur dans le pro­jet a été de redonner une actu­al­ité au vieux con­cept d’organon, out­il, instru­ment en grec, qui avait trou­vé chez Aris­tote un emploi sys­té­ma­tique pour désign­er les par­ties du corps. Je sou­tiens qu’il y a un intérêt non seule­ment spécu­latif mais aus­si pra­tique à éclair­er les tech­nolo­gies d’organes, leurs enjeux pour la philoso­phie de la biolo­gie et pour l’éthique médi­cale, à l’aune de ce con­cept d’organon qui per­met d’envisager l’organe arti­fi­ciel non pas seule­ment comme une struc­ture dotée de fonc­tions bien définies (selon une per­spec­tive unanime­ment partagée par les ingénieurs), mais comme un instru­ment de vie, un organon dont les patients équipés devront appren­dre à faire usage dans leur exis­tence quo­ti­di­enne – ce qui doit amen­er les ingénieurs con­cep­teurs de ces dis­posi­tifs à inté­gr­er, très en amont dans le proces­sus de con­cep­tion, cette réflex­ion sur les organes arti­fi­ciels en usage, au lieu de penser en régime « bifurqué » (White­head), comme c’est sou­vent le cas, en séparant ce qui relève des fonc­tions et des fonc­tion­nements d’un côté, et ce qui relève de « l’acceptabilité » des dis­posi­tifs de l’autre. Com­ment faire de la ques­tion de l’usage du corps une com­posante essen­tielle du proces­sus de con­cep­tion des organes arti­fi­ciels ?

Un troisième pro­jet (2021–2024, bud­get 210k€), financé par l’Institut Nation­al du Can­cer (acronyme MaLO, pour Machine Learn­ing in Oncol­o­gy), porte sur la thé­ma­tique générale de l’IA en can­cérolo­gie. Le pro­jet pro­pose d’aborder la con­cep­tion de dis­posi­tifs d’aide au diag­nos­tic du can­cer du sein à base d’apprentissage machine selon une triple per­spec­tive : his­torique (en soulig­nant l’intérêt qu’il y a à replac­er ces dis­posi­tifs inno­vants dans l’histoire des algo­rithmes en médecine, à par­tir des années 1960) ; de philoso­phie des tech­niques (en exam­i­nant la façon dont ces dis­posi­tifs, non encore déployés dans la clin­ique, induisent d’ores et déjà, dès la phase de con­cep­tion et de test, une trans­for­ma­tion du regard médi­cal et de l’expertise du clin­i­cien – il s’agit en d’autres ter­mes de doc­u­menter leurs effets d’agentivité) ; éthique et régle­men­taire (l’IA, et ses appli­ca­tions médi­cales en par­ti­c­uli­er, faisant l’objet actuelle­ment d’une intense pro­duc­tion nor­ma­tive, tant au niveau nation­al qu’au niveau européen). J’ai voulu inclure dans le pro­jet une démarche orig­i­nale impli­quant un design­er ayant une solide exper­tise dans le domaine des tech­nolo­gies en san­té. Son apport est d’aider les parte­naires clin­i­ciens du pro­jet MaLO (qua­tre cen­tres de lutte con­tre le can­cer qui dévelop­pent des dis­posi­tifs de machine learn­ing) à mieux appréhen­der les con­di­tions de réus­site de leurs pro­jets, en iden­ti­fi­ant les points de blocage pos­si­ble.

 

Pro­jets de recherche (depuis 2010) :

-2010–2013 : pro­gramme ANR-09-NANO-001, « Nano-Episté­mo-Ethique : pour une éthique des nan­otech­nolo­gies artic­ulée à l’épisté­molo­gie » (coor­di­na­teur).

-mai 2013/déc. 2013 : pro­gramme CNRS Défi Nano, « Vers une déf­i­ni­tion rela­tion­nelle des nano-objets : approche con­ceptuelle » (coor­di­na­teur).

-jan 2016/déc. 2016 : pro­gramme « La per­son­ne en médecine », financé par la Comue Sor­bonne Paris Cité, bud­get de 5000 EUR.

-fév. 2017-sept. 2020 : pro­jet « Les bioban­ques au défi de la médecine per­son­nal­isée », financé par la région Hauts-de-France/le FEDER, bud­get de 154000 EUR (coor­di­na­teur)

-jan. 2021-déc. 2022 : pro­jet « Inno­va­tions tech­nologiques et greffe d’organes : enjeux régle­men­taires, éthiques et cul­turels », financé par l’Agence de la bio­médecine, bud­get de 30000 EUR (coor­di­na­teur). Site Inter­net : https://itegorec.com/

-jan.2022-déc. 2024 : pro­jet “Machine Learn­ing Deci­sion Sup­port Sys­tems in Oncol­o­gy: Epis­te­mo­log­i­cal, Eth­i­cal and legal Issues”, financé par l’Institut Nation­al du Can­cer, AAP Pro­jets libres de recherche en SHS, épidémi­olo­gie et san­té publique, bud­get de 211000 EUR (coor­di­na­teur). Site Inter­net : https://projet-malo.com/

-jan. 2022-juin 2024 : pro­jet “Étude de l’outil algo­rith­mique d’aide à la déci­sion médi­cale MS Vista”, financé par l’ARSEP, coord. Mathilde Lancelot (Univ. Nantes), bud­get pour le parte­naire sci­en­tifique UTC : 5000 EUR

-mai 2024-avril 2029 : pro­jet “Vivre et vieil­lir avec des mal­adies chroniques et des dis­posi­tifs tech­nologiques : Sens, pra­tiques et recom­po­si­tions de l’au­tonomie au fil du temps”, PPR, coord. Lucie Dal­ib­ert (Univ. Lyon 1), bud­get pour le parte­naire : 16000 EUR

 

Direc­tion de thèse en cours

-La con­struc­tion du prob­lème de l’éducation tech­nologique en France (1944–1985) : école, cul­ture et tech­niques. Doc­tor­ant : Deldicque T., en co-direc­tion avec Hilaire-Perez L. (his­to­ri­enne, EHESS, Uni­ver­sité de Paris). EHESS, thèse financée sur con­trat EHESS – sou­te­nance prévue courant 2021

-His­toire, épisté­molo­gie et éthique des tech­niques psy­chi­a­triques. Doc­tor­ante : Gra­treau E., en co-direc­tion avec Dupont J.-C. (PU philoso­phie des sci­ences et de la médecine, Uni­ver­sité d’Amiens). Uni­ver­sité de tech­nolo­gie de Com­piègne, thèse financée sur con­trat MESR « Hand­i­cap »

-Quels futurs nous réser­vent les mod­èles d’anticipation de l’avenir ? Une per­spec­tive philosophique. Doc­tor­ant : Macraigne S., en co-direc­tion avec Decler­ck G. (MCF, philoso­phie et psy­cholo­gie expéri­men­tale). Uni­ver­sité de tech­nolo­gie Com­piègne, thèse financée sur con­trat MESR

-Pour une con­cep­tion écologique du pou­voir des tech­niques. Propo­si­tion pour une étude de la dynamique de plate­formi­sa­tion de l’IA. Doc­tor­ante : Bar­ret M., en co-direc­tion avec Car­don D., Pro­fesseur, IEP Paris, Medi­al­ab). Uni­ver­sité de tech­nolo­gie de Com­piègne, thèse financée sur con­trat MESR

-Le tour­nant réadap­tatif dans le soin : enjeux éthiques de l’évolution des pra­tiques et des organ­i­sa­tions dans le domaine de la réé­d­u­ca­tion fonc­tion­nelle. En co-direc­tion avec Clar­izio E. (MCF, Uni­ver­sité Catholique de Lille). Doc­tor­ante . Lab­bé-Lav­i­gne I., thèse co-financée Cen­tre L’Espoir et UCL

 

 

 


Philoso­phie des tech­niques

Éthique des tech­niques

La Chine : his­toire, cul­ture et société


Directeur du lab­o­ra­toire Costech (sept. 2019-sept. 2024)

 

 


1993 – 1999 : ENS Cachan

1995 : Agré­ga­tion, philoso­phie

2000 : Doc­tor­at, philoso­phie (Uni­ver­sité Paris 1 Pan­théon Sor­bonne)

2014 : Habil­i­ta­tion à Diriger des Recherch­es, philoso­phie, sur le thème « Vie et tech­nique. Con­cepts et fig­ures de “l’ex­téri­or­i­sa­tion” ». Garante : B. Ben­saude-Vin­cent, Uni­ver­sité Paris 1 Pan­théon-Sor­bonne


Ouvrages en nom pro­pre :

-Les Sens de l’évolution tech­nique, Paris, Léo Scheer, 2005, 383 pages.

-Pour un human­isme tech­nologique. Cul­ture, tech­nique et société dans la philoso­phie de Gilbert Simon­don, Paris, PUF, coll. Pra­tiques théoriques, 2010, 277 pages.

-Philoso­phie des nan­otech­nolo­gies, Paris, Her­mann, 2014, 341 pages.

-La médecine per­son­nal­isée. Un essai philosophique, Paris, Les Belles Let­tres, coll. Médecine & Sci­ences humaines, 2016, 423 pages.

-Du soin dans la tech­nique. Ques­tion philosophique/Care in Tech­nol­o­gy, ISTE-Wiley, (pub­li­ca­tion de l’ouvrage en français et en anglais), 2021.

 

Co-direc­tions d’ouvrages/de numéros de revues :

-French Phi­los­o­phy of Tech­nol­o­gy, paru aux édi­tions Springer, 2018, co-édité avec Bernadette Ben­saude-Vin­cent et Sacha Loeve

-Vie, anthro­polo­gie, poli­tique. Per­spec­tives ital­i­ennes con­tem­po­raines en philoso­phie des tech­niques, paru aux édi­tions Mime­sis, 2019, co-édité avec Emanuele Clar­izio

-Con­serv­er le vivant. Les bioban­ques face au défi de la médecine per­son­nal­isée, paru aux édi­tions Matéri­ologiques, 2022, co-édité avec Jean-Claude Dupont, Céline Chéri­ci, Yves-Edouard Herpe et Emanuele Clar­izio

-(co-édité avec J. L. Lau­rent). Respon­s­abil­ité et envi­ron­nement. Pre­miers enseigne­ments de la crise san­i­taire. Annales des Mines, n°108, oct. 2022

-(co-édité avec M. Lancelot). Du soin tech­nologique : enjeux épisté­mologiques et empiriques des modes d’in­tri­ca­tions entre technique(s) et soin(s) dans la médecine con­tem­po­raine. Cahiers François Viète. Épisté­molo­gie, his­toire, sci­ences & tech­niques, III-15, 2023 [en ligne : https://journals.openedition.org/cahierscfv/]

 

Direc­tions et co-direc­tions d’ou­vrages à paraître en 2024 :

-His­toire des techniques/History of tech­nol­o­gy, à paraître aux édi­tions ISTE-Wiley, courant 2024 (pub­li­ca­tion de l’ouvrage en français et en anglais), co-édité avec Guil­laume Carni­no

-Sci­ences en réc­its. Con­ver­sa­tions avec Bernadette Ben­saude-Vin­cent, à paraître aux Édi­tions de la Sor­bonne

 

Arti­cles et chapitres d’ou­vrages (depuis 2018) :

-2018, avec S. Loeve et B. Ben­saude-Vin­cent. Is there a French Phi­los­o­phy of Tech­nol­o­gy? Gen­er­al intro­duc­tion. In Loeve S., Guchet X., Ben­saude-Vin­cent B. (ed). French Phi­los­o­phy of Tech­nol­o­gy. Clas­si­cal Read­ings and con­tem­po­rary approach­es. Springer, 1–20

-2018, Toward an object-ori­ent­ed phi­los­o­phy of tech­nol­o­gy. In Loeve S., Guchet X., Ben­saude-Vin­cent B. (ed). French Phi­los­o­phy of Tech­nol­o­gy. Clas­si­cal Read­ings and con­tem­po­rary approach­es. Springer, 237–256

-2018, « La médecine per­son­nal­isée, enjeux éthiques ». Hirsch E. (dir., 2018). Traité de bioéthique IV : les nou­veaux ter­ri­toires de la bioéthique, ERES

-2018, Simon­don e la tec­no-estet­i­ca. Revue Aut Aut, Effet­to Simon­don, 377/2018

-2019, avec C. Legal­lais. « Nan­otech­nolo­gies et ingénierie du foie arti­fi­ciel. Une autre idée de la “con­ver­gence tech­nologique” ». Philophi­ae Sci­en­ti­ae, 23(1), 3–17

-2019, « De la médecine per­son­nal­isée à l’exposomique. Envi­ron­nement et san­té à l’ère des Big Data ». Mul­ti­tudes, n°75, 72–80

-2019. Téc­ni­ca. In Oliveira J, Pom­mi­er E. (ed). Vocab­ulàrio Hans Jonas. Edi­tore de Uni­ver­si­dade de Cax­i­as do Sul, Cax­i­as do Sul

-2019, Tech­no­log­i­cal object: one word, three dif­fer­ent mean­ings. Phi­los­o­phy today, 63(3):705–716

-2019, « La nature jugée par François Dagognet ». Ben­saude-Vin­cent, B. et al (éd.). François Dagognet. Philosophe, épisté­mo­logue. Edi­tions Matéri­ologiques, Paris, 239–253

-2020, « De l’environnement à l’exposome. Analyse d’une dérive dans l’épidémiologie molécu­laire ». Clar­izio E., Poma R., Spano M. (Ed). Milieu, mi-lieu, milieux. Mimé­sis, Ses­to S. Gio­van­ni

-2020, Tec­ni­ca, vita e cura. Mechane. Riv­ista di filosofia e antropolo­gia del­la tec­ni­ca. Mime­sis

-2022, Expo­somics in the Era of Per­son­al­ized Med­i­cine. A Crit­i­cal Analy­sis. Bene­duce C. et Berto­la­so M. (Eds). Per­son­al­ized Med­i­cine in the Mak­ing. Philo­soph­i­cal Per­spec­tives from Biol­o­gy to Health­care. Springer Cham

-2022, What’s hap­pen­ing to organs? Philo­soph­i­cal insights into tis­sue and organ engi­neer­ing. Chris­tensen S. H. et al (Eds). Engi­neer­ing, Social Sci­ences, and the Human­i­ties. Have their Con­ver­sa­tions Come of Age? Springer:395–412

-2022, « Les échan­til­lons biologiques. Quels objets pour quels soins ? ». Clar­izio E. et al (Eds). Con­serv­er le vivant. Les bioban­ques face au défi de la médecine per­son­nal­isée. Édi­tions Matéri­ologiques, Paris

-2023, « De la puis­sance au soin : pour une philoso­phie des tech­niques ori­en­tée-objet ». Charolles V., Lamy-Rest­ed E. (Eds). Les philoso­phies des tech­niques. Un levi­er pour l’action, ISTE/Wiley

-2023, « Les imag­i­naires de l’ingénierie des organes ». Seb­bah F., Romele A. (Eds). Imag­i­naires tech­nologiques, Les Press­es du Réel

-2023, Human­ism, Tech­nol­o­gy and Care in Simon­don. Alioui J. et al (Eds). The Idea and Prac­tice of Phi­los­o­phy in Gilbert Simon­don. Schwabe Ver­lag, Basel:267–284

-2024, « L’éthique, l’ingénieur et le care », dans Tri­clot M. (Ed). Pren­dre soin des milieux. Manuel de con­cep­tion tech­nologique, Édi­tions Matéri­ologiques et Press­es des Uni­ver­sités de tech­nolo­gies

-2024, « Tech­nolo­gies d’organes et exten­sion the­o­ries : étude croisée », Lo Sguar­do. Riv­ista di filosofia, n°36(1), p.67–92 (CL)

-2024, The Imag­i­nary of the Trans­plant­ed Organ. Cera A. et al (Eds). Imag­in­ing Technologies/Technologizing Imagination(s). On the Imag­i­nal Edge of Tech­nolo­gies. I Castel­li di Yale, 12(2):5–27

-2024, Leroi-Gourhan and the Object of Tech­nol­o­gy. Tech­nol­o­gy and Lan­guage, 5(2):116–124

 


Xavier Guchet

Statut

Membre permanent
Professeur/e des universités

Équipe

Soin, Inclusion, Technologies

Discipline

Philosophie

Domaine de recherche

Philoso­phie des tech­niques ; épisté­molo­gie et éthique des tech­nolo­gies du soin

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